En son châpitre XIV - " Mieux qu'un ange " de son livre " L'homme-joie " - www.editions-iconoclaste.fr - , Christian Bobin écrit :
" Le Christ sort au matin de la vieille maison fatiguée du monde. Il a une trentaine d'années. Il n'emporte rien avec lui. Il commernce sa vie buissonnière dont, après sa disparition, ses amis emporteront des lambeaux.
La joie de l'air contre ses tempes, les confidences de l'eau entre ses mains, les éblouissements des renards qui croisaient ses chemins - de tout cela rien ne nous est parvenu.
Quelques paroles dont la plupart empruntent leur beauté à l'univers patient des bergers, des pêcheurs, des viticulteurs : voilà tout ce qui reste sur terre du plus grand des poètes. Car c'est être poète que de regarder la vie et la mort en face, et réveiller les étoiles dans le néant des coeurs.
Les commentateurs ont usé jusqu'à la corde les paroles de l'errant. Elles résistent.
Le simple est inépuisable.
Comme des frelons sur une poire tombée dans l'herbe, ainsi s'agitent les théologiens, agglutinés autour des larmes d'un visage si humain qu'il en devenait divin.
" Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? "
Cette parole du Christ est la plus amoureuse qui soit. Chacun en connaît la vibration intime. Aucune vie ne peut faire l'économie de ce cri.
Cette parole est le coeur de l'amour, sa flamme qui tremble et ne s'éteint pas.
Elle est aussi bien la seule preuve de l'existence de Dieu : on ne s'adresse pas ainsi au néant. On ne fait pas de reproche au vide ..... "
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