Dans la continuité des quatre ou cinq pages précédentes à propos du Soudan de Pressac, seigneur de La Traü dont les armes sont pendues depuis 1420 sur un des murs du Château de Windsor du fait de sa qualité de Chevalier de l'Ordre de La Jarretière, acquise vers 1370, et avec la complicité très respectée de Michel Pastoureau dont je vous recommande - le puis-je ? - la lecture de " Les Animaux Célèbres " - www.arlea.fr - :
" ...Contrairement à ce que l'on pourrait croire, voir un lion vivant n'est pas si rare dans l'Occident du XIIème siècle : les ménageries sont nombreuses, et des montreurs d'animaux se déplacent de foire en foire et de marché en marché pour exhiber des fauves.
Mais voir un lion peint ou sculpté est évidemment plus fréquent ; à dire vrai presque quotidien, tant sont nombreuses les images de lions dans les églises, sur les bâtiments civils et les monuments funéraires, sur les oeuvres d'art et même sur les objets de la vie courante. Les églises, par exemple, montrent des lions partout, à l'extérieur et à l'intérieur, dans la nef comme dans le coeur ...
... Cette abondance n'est pas le seul fait de la sculpture et de la peinture monumentale. Dans l'enluminure, par exemple, elle se retrouve dans les mêmes proportions : le lion est l'animal le plus souvent représenté.
Quelque soit le support de l'image ou la technique utilisée, le lion est bien la star du bestiaire figuré des XIIème et XIIIème siècles, loin devant tous les autres animaux.
Cette prédominance du lio, se retrouve également dans les armoiries, apparues un peu partout en Europe occidentale à l'horizon des années 1120-1160, d'abord sur les boucliers afin d'identifier à la bataille et au tournoi les différents combattants, puis rapidement sur bien d'autres supports, pour dire l'identité ou affirmer la propriété.
A la fin du XIIème siècle, tous les souverrains d'Occident font usage d'armoiries, de même qu'une bonne partie de la noblesse.
Or dans ces armoiries le lion est de loin la figure la plus fréquente : plus de 15 % en sont chargées. C'est là une proportion considérable puisque l'aigle, seul rival du lion dans le bestiaire héraldique, ne dépasse pas les 3 %. .....
.... L'adage fameux " Qui n'a pas d'armes porte un lion " apparaît au XIIème siècle dans les textes littéraires et est encore légitiment cité par les manuels de blasons du XVIIème siècle.
Au reste, on observe que mis à part l'empereur et le roi de France, tous les souverains de la Chrétienté occidentale ont, à un moment ou à un au_tre de loeur histoire, porté un lion dans leurs armoiries ...
Souvent constatée, cette vogue du lion dans les armoiries médiévales reste mal expliquée .... "
A demain donc pour la très passionnante suite ...
Ne vous laissez dévorer que par ce texte !