Il y a quelques semaines - vers le 7 mai - au soir d'une des dernières représentations de " La Cerisaie " au Théâtre de la Colline - www.colline.fr - j'écrivais ici même la splendeur de ce spectacle - je songe constamment à ce que pourrait être la débacle d'une " vigneraie " - celle de la mise en scène - la dernière d'Alain Francon, son directeur, en son théâtre - et celle du jeu des acteurs dont Jean-Paul Roussillon, Firs, le laquais qui restait le dernier en scène pour y dire :
" Fermée ...Partis ... Ils m'ont oublié ... Ca ne fait rien... Je peux m'asseoir là .... Leonid Andrevitch, je parie, il n'a pas mis sa pelisse, il est parti en manteau .... ( Il soupire d'un air soucieux. ) Dés qu'on a le dos tourné ... Ah, jeunesse ! ( Il marmonne quelque chose qu'on ne peut pas comprendre. )
La vie elle est passée, on a comme pas vécu... ( Il se couche ) Je vais me coucher un peu ....
T'as plus de force, mon pauvre vieux, il te reste rien, rien de rien.... Propre à rien va !... "
Il reste couché, immobile.
On entend un bruit lointain, comme s'il venait du ciel, le bruit d'une corde cassée, mourante, triste,. Le silence se fait, on entend seulement, loin dans la cerisaie, la hache qui cogne sur un arbre.
Rideau.
Firs ... pour toujours ... sa voix sourde pour toujours ... d'un simple spectateur, un merci infini.