Premier concert d'orgue de la saison musicale d'été 2009 en l'Abbatiale de Guîtres.
Confié à Noël Hazebrouk, jeune interprète bourré de talent, improvisateur de vocation.
Tout d'abord, un exercice de ce genre sur un choral de Jean Sébastien Bach , puis sur le chant grégorien " Alma Redemptoris Mater, " l'Art de la fugue " du même Bach et enfin " l'Hymne à la joie " de .... ,
Voilà les auditeurs préparés, une bonne bibliothèque musicale dans les oreilles !
Alors en deux temps, la lecture du conte " L'enfant renard ", tiré du recueil " Les sages musiciens " de la merveilleuse série " Les contes des sages " dirigée au Seuil par Henri Gougaud ( celui dont la couverture d'un des livres, dans sa version de poche, fut illustrée par une photo " volée " de la poterne de Pressac ... il est pardonné ! ) :
" Il était une fois une reine et un roi qui rêvaient d'enfants, mais qui n'en avaient pas. A force de se faire du mourron, le roi en versa un jour une larme de sang. Passé trois saisons, la reine donna naissance à un petit garçon. Le roi en fut ivre de joie et les plus grands mages du royaume prédirent à l'enfant un avenir inouï. Or, il s'avéra que jamais ses yeux ne pourraient s'ouvrir à la lumière ; il était né aveugle. La reine, sa mère, se rapprocha de lui davantage. Elle se mit à inventer des chansons. Mais décidement, le roi, lui, ne put se faire à l'idée d'avoir un fils aveugle pour héritier. Un matin, comme dans les contes de fées, il emballa le petit dans un linge et s'en alla l'abandonner dans la forêt. De ce jour, la reine en perdit l'usage de la voix. Elle ne put jamais proférer le moindre son.
Voilà pour ce qui est d'elle,
Mais pour ce qui est de l'enfant, voici.
Il grandit dans la forêt, élevé par les bêtes. Les renards lui apprirent à entendre toutes sortes de sons, les oiseaux lui enseignèrent leurs chansons, et peu à peu l'enfant put discerner les différents bruits et cris de la forêt. Arrivé à l'âge d'homme, il se rapprocha d'un village, où il apprit sans difficulté le langage des humains. Rapidement même, il se fit chanteur musicien. Jamais oreille n'avait entendu pareille musique. La voix de cet homme était non seulement un délice pour les sens, mais elle opérait un charme incroyable, elle avait le pouvoir de vous guérir et le coeur et l'âme.
L'eau coula sous les ponts, et le vent porta la rumeur de ce nouveau guérisseur musicien jusqu'aux oreilles du roi, qui le fit appeler pour tenter de guérir son épouse muette.
Le jeune aveugle se présente au palais, s'installe et se met à chanter. Et il chante comme il n'a jamais chanté car, il le sent bien, malgré tout son art, il ne parvient pas à pénétrer le coeur de cette reine, ce noyau de douleur.
Et le voilà fouillant en son propre coeur pour en tirer les sons les plus rares, les plus enfouis en lui aussi. Et puis soudain, parvenant au plus profond de son être, il se met à fredonner un simple refrain, une chanson de nourrice, une mélodie d'enfant. Aux premières mesures de cette comptine, la reine s'est redressée dans un cri et s'est précipitée sur l'aveugle qu'elle couvre de larmes et de baisers. Le roi, qui ne comprend rien, demande quelle est cette chanson qu'il ne connaît pas.
C'est une chanson très ancienne, lui a répondu l'aveugle. La première je crois qu'on m'ait jamais chantée. C'est une de celles que m'inventait ma mère lorsque j'étais enfant.
Ainsi, dit l'histoire, père ( bonne fête ! ), fils et mère se retrouvèrent et, succédant à son père, l'aveugle-roi sut délivrer de sa voix plus de mystères, d'amour et de joie que ne le font en général les aveugles bavards qui nous gouvernent et qui sans cesse nous fabriquent des guerres ( et des crises ) pour asseoir leur majesté."
Ce qu'il vous faut faire maintenant : pour le texte en rouge, puis pour celui en vert, organiser les improvisations dans leur alternance, leur mélange, leur tonalité, leur durée ... et vous les donner à entendre ainsi qu'il nous le fut donné.
Avez-vous bien lu le dernier paragraphe de ce conte ... bonne préparation pour certain discours de demain !!!
En attendant : bon été .... bonne fête de la musique .... et de votre musique.