Une cuve est entrain d'être écoulée : c'est l'avant dernière ; ce n'est pas un scandale.
Une dégustation-vente a eu lieu hier à Pressac en fin de matinée ; nous en traitons les suites : vaisselle, comptabilité et autres. Non, ce n'est pas un scandale .
Alors ?
Si j'en crois les rumeurs et même plus, ce jour pourrait être signé un accord entre l'Europe et Les Etats-Unis qui concéderaient à ces derniers l'emploi, sans autres conditions, de toutes ou partie des noms des appellations européennes et donc françaises : Sauternes, Entre-Deux-Mers ... etc.
Je ne sais ce qui est vrai ; je ne sais ce qui est faux. Développons.
L'appellation est une marque, propriété de l'Inao - Institut National des Appellations Contrôlées - dont l'emploi est concédé, en particulier à un viticulteur, au terme d'un examen, annuel pour ce qui le concerne, dénommé "Label".
Il existe une flopée d'appellations. Le problème n'est pas là.
Ou bien la rumeur développée ci-dessus est fausse... ce n'aura été qu'une rumeur. Tant mieux !
Ou bien elle est vraie ... et nous sommes devant un scandale.
Depuis leur apparition, un peu avant la seconde guerre mondiale, les règles régissant les appellations se sont constamment renforcées. Il en résulte aujourd'hui pour les producteurs de très nombreuses contraintes qu'ils ont acceptées, y voyant de multiples avantages quant à leurs rapports avec "leurs marchés".
Céder ainsi aux Etats-Unis, apparemment sans aucune contraintes, relève pour le moins de la légèreté.
Avoir agi sans information préalable et par totale surprise des "ayant-droit ordinaires" relève de la faute.
Je m'émerveillais, il y a peu, de la visite du préfet de la Gironde, préfet de la Région Aquitaine, jusque dans nos vignes ou presque.
Dans une interview télévisée diffusée sur
TV 7, captée ce week-end, mais enregistrée le jour de sa visite, il justifie cette signature d'une part "parce que les dirigeants de la profession ont donné leur accord", d'autre part "parce qu'elle va ouvrir de nouveaux marchés".
Si notre préfet fait référence aux dirigeants de l'Inao, je rappelle que ceux-ci tiennent "in fine" leur mandat de l'Etat. Quant à l'ouverture des marchés, c'est une sorte de plaisanterie : il suffit de s'intéresser de prés à la parité euro / dollar pour se convaincre que, sauf pour certains vins à prix très élevés, le marché américain restera encore et longtemps difficile d'accès.
Autoriser dans ces conditions l'emploi de noms d'appellation, fruits d'un travail commun de longue haleine, c'est pratiquer une politique de gribouille et susciter à coup sûr, par la diffusion de la confusion, des difficultés supplémentaires à un secteur qui en connaît déjà ... pas mal.
Je ne suis pas un opérateur ; seulement observateur, mais plus qu'attentif depuis de nombreuses années.
J'observe donc que le monde viticole a beaucoup changé en peu d'années. Les exploitants gérent des entreprises, des bilans, des dettes... etc... comme tout un chacun.
Les marques, collectives (appellations) ou individuelles (nom de château) ont pris pour eux aussi une valeur essentielle et sont devenues un élément de leur fonds de commerce.
La Loi d'Orientation Agricole en cours de discussion parlementaire prévoit leur prise en considération dans leurs comptes... sous prétexte de favoriser la transmission de l'entreprise ... puisque c'est maintenant cette notion d'entreprise qui doit servir de référence. Pour information, il y a maintenant plus de vingt ans que Pressac cherche à se gérer comme une entreprise. Il me semble qu'elle y est approximativement parvenue.
En ces matières, les américains - de Coca Cola à la plus petite des entreprises - sont féroces.
Est-il nécessaire d'être naïf ... comme nous le fûmes, voici plusieurs années avec la Chine dans le domaine du textile ?
Avons-nous besoin de contribuer à la promotion des "usines à vin" de Californie, de Nouvelle Zélande, du Chili ou encore d'Australie en leur permettant sans contrôle la diversification de leurs références de commercialisation et alors mêmes que leurs pratiques vinicoles qui nous sont interdites vont jusqu'à être parfois douteuses ?
Faut-il rappeler que le premier producteur de vin d'Australie est une entreprise française dont le président fut - je ne sais s'il l'est encore - président des "exportateurs de vins... de France" ?
Il ya sans doute quelque remise en ordre à faire.